Peut-on s’émanciper par l’intermédiaire du « corps marchand » ? Pauline, dans Les Jolies choses de Virginie Despentes, prend la place de sa soeur défunte Claudine. Comme pour elle, la sexualité devient un moyen de transaction et un enjeu de pouvoir. Elle capte les désirs, elle accroît son profit en reproduisant ce qu’on attend d’une esthétique pornographique : que la femme se donne comme pur objet de jouissance. Mais au contraire de Claudine, Pauline adopte en toute conscience – et presque par jeu – le style de vie de la femme vénale. Loin de juger, en bien ou en mal, le personnage de Despentes, le collectif LA FLEUR tire les conséquences de l’application des catégories économiques au sexe. La prostitution est-elle un motif d’aliénation ou permet-elle d’introduire une forme de libération ? En décrochant la sexualité de sa finalité exclusivement biologique, de nouvelles questions apparaissent : celle du choix et de l’usage des plaisirs, mais aussi celle de la liberté sexuelle et du genre comme construction sociale. Les artistes du collectif LA FLEUR qui nous avaient déchaînés avec le spectacle La Jet Set, mènent l’enquête à partir de leurs propres sentiments, contraintes, modes opératoires et visions idéologiques quant à la question des relations amoureuses et sexuelles. Croisant fiction, théorie et comédie musicale, Nana n’attrape pas la variole s’aventure dans un domaine jonché d’inconvenances et de dérives obsessionnelles, mais aussi de pensées plus ou moins folles, de souffrance et de joie, où se trame notre rapport au désir.
conception et mise en scène Monika Gintersdorfer
chorégraphie Franck Edmond Yao alias Gadoukou La Star et LA FLEUR
avec Annick Choco, Dalel Bacre, Alex Cephus, Chino, Carlos Martinez, Ordinateur, Matthieu Svetchine, Elisabeth Tambwe, Franck E. Yao alias Gadoukou la Star
musique Timor Litzenberger et Skelly
scénario Christ Mukenge et Lydia Schellhammer
costumes Bobwear et Arturo Lugo
coproduction Theater Bremen, MC93, La Commune CDN Aubervilliers, Pumpenhaus Münster
funded by the Doppelpass Fund Kulturstiftung des Bundes